Droit pénal maritime

unsplash-image-XwXJsVj-Z0A.jpg

Le droit pénal maritime

Le droit pénal maritime s’est constitué dès l’apparition des premiers navires, pour régir les délits pouvant être commis à bord.

Avec les évolutions majeures qu'a connu le secteur des transports maritimes tels que les progrès technologiques, l’émergence de navires spécialisés dans le transport d’hydrocarbures et de conteneurs, de nouveaux comportements susceptibles d’être réprimés ont vu le jour. Cette transformation a imposé une modernisation du droit pénal maritime qui ne se limite plus exclusivement à la marine marchande.

Maître Lucas MONTAGNIER dispose d’une expérience en droit pénal maritime qui répond à la diversité de la clientèle :

  • Armateur

  • Capitaine

  • Membre d’équipage

  • Propriétaire de navire

Maître Lucas MONTAGNIER conseille ses clients à tous les stades de la procédure pénale.

Les principales infractions en droit pénal maritime

1 - Les manquements aux règles de navigation 

L'infraction pénale de manquement aux règles de navigation par le capitaine d’un navire correspond à une violation des normes qui régissent la conduite des navires en mer, dans les ports et sur les voies navigables. Ces règles sont conçues pour garantir la sécurité de la navigation, éviter les accidents maritimes, et protéger la vie humaine. Lorsque ces règles ne sont pas respectées, la responsabilité pénale du capitaine peut être engagée, surtout si ledit manquement a provoqué un accident ou des dommages.

L’infraction de manquement aux règles de navigation est régie par les conventions internationales, le Code des transports (L. 5231-1 et L. 5242-2) et d'autres textes de loi. Ces textes imposent des règles strictes pour la conduite des navires, en particulier dans les eaux nationales et internationales.

  • L'infraction survient lorsque le capitaine ne respecte pas l'une des règles applicables à la navigation. Cela peut inclure : 

    • Le non-respect des règles de priorité entre navires ;

    • L'absence de signalisation ou de feux appropriés ;

    • Une navigation à une vitesse excessive, notamment dans des zones de trafic dense ou en conditions météorologiques défavorables ;

    • Le non-respect des zones de navigation protégées, telles que les zones environnementales sensibles.

  • Le manquement aux règles de navigation peut constituer une infraction même en l’absence de conséquences graves, mais il devient pénalement répréhensible lorsque ce manquement met en danger la sécurité du navire, son équipage, ou des tiers. Si cette infraction conduit à un accident maritime (collision, échouement, naufrage), à des blessures ou à des décès, la responsabilité pénale du capitaine sera d’autant plus lourde.

  • L’infraction est souvent caractérisée par une attitude imprudente ou négligente du capitaine qui n'aurait pas pris toutes les précautions nécessaires pour respecter les règles de navigation et assurer la sécurité.

    Quelques exemples de manquement aux règles de navigation :

    • Non-respect des règles de priorité : Par exemple, un navire ne cède pas le passage à un autre navire ce qui entraîne une collision.

    • Navigation en état d'ivresse : Le capitaine conduit le navire sous l’influence de l’alcool ou de drogues, compromettant ainsi la sécurité.

    • Excès de vitesse : Le navire navigue à une vitesse dangereuse, notamment dans des eaux à fort trafic ou par mauvais temps. 

    • Non-utilisation des dispositifs de signalisation : Le navire n’utilise pas les feux de navigation ou les signaux sonores, mettant en danger les autres navires.

    • Violation des zones de sécurité : Le capitaine fait naviguer le navire dans des zones interdites ou protégées (réserves naturelles, zones militaires), ce qui peut avoir des conséquences environnementales graves.

    Le manquement aux règles de navigation peut entraîner des sanctions pénales variées en fonction de la gravité des faits et des conséquences du manquement.

    Les peines peuvent consister en :

    • Une amende dont le montant peut varier en fonction de la gravité de l'infraction.

    • Une peine d'emprisonnement en cas d’accidents graves, notamment si des vies humaines ont été perdues.


2 - Le délit de fuite

L'article L.5242-6 du Code des transports réprime le délit de fuite maritime. Cet article précise les obligations du capitaine d'un navire ou de toute personne responsable en cas d'incident en mer, en particulier après une collision. Voici une explication du délit de fuite dans ce contexte :

  • Le capitaine ou le responsable d'un navire impliqué dans une collision doit s'arrêter et offrir son assistance à l'autre navire, à son équipage et à ses passagers, si cela est nécessaire.

  • Il est aussi tenu de communiquer les informations concernant son identité, celles du navire et d'autres détails pertinents à l'autre partie impliquée dans la collision.

Si le capitaine ou la personne responsable :

  1. Ne s'arrête pas après une collision pour vérifier s’il y a des blessés ou des dommages à l’autre navire ou à l’équipage.

  2. Ne fournit pas son identité et les informations de son navire.

Cela constitue un délit de fuite, car ils tentent d'échapper à leurs responsabilités légales, que ce soit pour éviter les sanctions ou par négligence.

  • Élément matériel

 La caractérisation de l’infraction suppose :

  • la conduite d’un véhicule ou engin,

  • la survenance d’un accident,

  • le manquement à l’obligation de s’arrêter. 

  • Elément moral 

Pour être punissable, l’omission de s’arrêter suppose à la fois la connaissance de l’accident et la volonté d’échapper à la responsabilité encourue.

Répression  

Conformément à l’article L 5242-6, les peines encourues sont les suivantes :

  • une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu'à 5 ans.

  • Une peine d’amende qui peut atteindre jusqu'à 75 000 euros.

Ces sanctions peuvent être alourdies si la collision a causé des blessures graves ou la mort, ou si l’incident a eu des conséquences environnementales importantes.


3 - Les infractions découlant de l’autorité du capitaine

Le capitaine est le garant de la sécurité de l’équipage et des personnes à bord. Il ne peut user de son autorité pour obtenir des faveurs. Ainsi, l’abus d’autorité est érigé en infraction par l’article L. 5531-10 du Code des transports qui réprime ce genre de comportement par six mois d’emprisonnement et 3 750€ d’amende.

Par la même, les violences exercées par un capitaine sur un passager embarqué, la gestion illégale de la cargaison, ou encore l’insubordination ou le non-respect des ordres sont réprimés par le Code des transports.

Ces infractions sont spécifiques au capitaine, c’est lui qui est visé et elles découlent directement de son rôle de garant de la sécurité à bord.


4 - Le délit de pollution accidentelle

Le délit de pollution accidentelle en mer se réfère à la libération non intentionnelle de polluants dans les eaux maritimes. Ce délit est encadré par plusieurs textes législatifs et réglementaires. Voici un détail des aspects importants de ce délit :

  • La pollution accidentelle est considérée comme toute introduction, directe ou indirecte, de substances ou d'énergie dans l'environnement marin qui entraîne un effet nuisible.

    Cela inclut : 

    • Les déversements d'hydrocarbures (par exemple, par suite d’un naufrage ou d’une fuite de réservoir).

    • Les rejets de produits chimiques dangereux.

    • Les eaux usées non traitées.

  • Plusieurs textes réglementaires encadrent la pollution accidentelle.

    1. Code de l'environnement

    • Article L.216-6 : Cet article impose des obligations de prévention et de réaction en cas de pollution marine. En cas de pollution accidentelle, le responsable doit immédiatement prendre des mesures pour limiter les effets de la pollution et informer les autorités compétentes. 

    • Article L.218-1 : Définit les sanctions applicables en cas de pollution des eaux maritimes.

    1. Code des transports

    • Article L.5243-1 : Précise que tout capitaine d’un navire est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir la pollution des eaux par le navire et ses activités.

    • Article L.5522-1 : Prévoyait que les infractions liées à la pollution des eaux maritimes peuvent être punies de sanctions pénales. 

      1. Réglementation européenne 

    • Directive 2005/35/CE sur la pollution des eaux maritimes par les navires : Cette directive établit un cadre pour la prévention de la pollution par les navires et prévoit des sanctions pour les violations.

    • Règlement (UE) 2019/1239 sur la pollution par les hydrocarbures : Renforce les mesures de prévention et de lutte contre la pollution des eaux maritimes.

  • Les capitaines et les armateurs ont des responsabilités claires en matière de prévention de la pollution :

    1. Prévention : Mise en place de procédures pour éviter les accidents, telles que des vérifications régulières des systèmes de stockage et de transport de combustibles et de produits chimiques.

    2. Réaction : En cas de pollution accidentelle, ils doivent immédiatement :

    • Signaler l'incident aux autorités maritimes.

    • Prendre des mesures d’urgence pour contenir et nettoyer la pollution. 

    • Collaborer avec les équipes de secours et de nettoyage.

  • Les sanctions pour pollution accidentelle peuvent être très sévères : 

    • Amendes : Le montant peut varier en fonction de la gravité de l’infraction et des dommages causés. 

    • Peines d'emprisonnement : Des peines de prison peuvent être appliquées, notamment si la pollution a entraîné des conséquences graves.

    • Responsabilité civile : L'armateur peut être tenu de réparer les dommages causés à l'environnement et à l'économie locale (par exemple, le secteur de la pêche ou du tourisme). 

    Exemples de pollution accidentelle :

    • Marée noire : Un déversement accidentel d'hydrocarbures à la suite d'une collision ou d'une rupture de réservoir peut provoquer une marée noire, causant des dégâts écologiques majeurs. 

    • Rejets de substances chimiques : L'accident d'un navire transportant des produits chimiques dangereux qui se renverse et libère ces substances dans l'eau.